Des normalien-ne-s ont décidé d’organiser ce soir un « débat » entre différent-e-s candidat-e-s aux élections législatives dans la 2ème circonscription de Paris, et parmi ces candidats, ils et elles ont choisi d’inviter la candidate du Front National.
Nous dénonçons avec la plus grande fermeté un tel choix : inviter le FN autour d’un débat signifie poursuivre plus avant sa banalisation.
On rappelle, puisque c’est apparemment nécessaire, que ce parti issu de la mouvance fasciste française, est un parti qui reste fondamentalement raciste malgré ses récentes pirouettes rhétoriques. Lui offrir la moindre tribune est un acte grave dont le seul et unique résultat est la diffusion de ses idées, dont on ne devrait pas avoir a rappeler la dangerosité. Des centaines des migrant-e-s meurent chaque mois en Méditerranée car les partis « traditionnels » ont fini par adopter la même politique xénophobe que le FN défendait il y a 20 ans.
Diffuser le discours du FN c’est aussi le légitimer auprès des autres partis. Des années de banalisation du FN dans les médias ont conduit les girouettes qui composent la classe politique à créer un état d’urgence permanent, tenter d’incorporer des points du programme du FN de 2002 dans la constitution (déchéance de nationalité), au soutien tacite des autorités à des groupuscules d’extrême-droite aux ambitions parfois terroristes, et enfin au harcèlement quotidien des migrant-e-s sur le sol français par les forces de l’ordre (interdiction de distribution de nourriture, vol de couvertures en hiver).
Dans une école qui s’autocongratule bien souvent du travail accompli par MigrENS notamment avec le Programme Étudiant Invité, laisser le FN y établir un peu plus sa légitimité est une insulte à celles et ceux qui se sont mobilisé-e-s en faveur des migrant-e-s.
Nous nous opposons (d’avance) aux arguments des organisateur-trice-s de l’événement invoquant un soi-disant « pluralisme » : le débat politique n’est pas un forum de discussion où l’on discute avec légèreté des meilleures règles d’orthographe du mot « thurne ». Il s’agit d’une lutte qui a des conséquences bien réelles sur la vie des gens, parfois jusqu’à la leur coûter. S’autoriser à inviter une organisation comme le FN à débattre cache, au mieux une profonde et dangereuse méconnaissance de la chose politique, au pire un opportunisme politique écœurant.
Face à un contexte de fascisation de la société, nous soulignons donc l’irresponsabilité des organisateur-trice-s à amener le FN au sein des murs de l’ENS, pour lui offrir une énième tribune, dont personne n’a guère plus besoin pour « montrer leurs incohérences ». Cette stratégie de « dédiabolisation pour mieux combattre » à montré il y a un mois, non seulement toute son inefficacité, mais surtout sa dangerosité.
Nous appelons donc les organisateur-trice-s à renoncer à la présence de la candidate FN, et le cas échéant, à TrENSmission de renoncer à la diffusion de l’événement et à la communauté normalienne de refuser qu’un tel débat ait lieu.
Solidaires Etudiant-e-s Ens 